4. Le placement de la voix, partie 2 : l’articulation
4. Le placement de la voix, partie 2 : l’articulation

4. Le placement de la voix, partie 2 : l’articulation

Dans le dernier article, nous avons parlé de la résonance. Celle-ci se passe à l’intérieur de la bouche, plutôt vers l’arrière. Pourtant, le son doit bien sortir vers l’avant. Il est important de projeter le son.

Il faut donc penser à la fois à faire résonner le son et à le projeter vers l’avant. Le son frotte contre le palais mou, puis le palais dur, avant de sortir vers l’avant.

À ce niveau, l’articulation des voyelles va nous aider. Tout en gardant un visage détendu (c’est important), on va pratiquer une articulation verticale. Encore du charabia ?

Prononcez la suite de voyelles : « u – ou – o – a – é – eu – i » en articulant très fort. Voyez ce qu’il se passe. Sur « u – ou – o » et « eu », la bouche est plutôt vers l’avant. Avec « a », elle s’ouvre de tous les côtés. Sur « é » et « i », elle part fort sur les côtés. Comme la bouche a besoin de partir sur les côtés pour former les lettres, l’articulation se fait sur un axe horizontal. Le problème est que ce n’est pas l’idéal pour chanter. Si la bouche part trop sur les côtés, le son peut aussi partir sur les côtés, et manquer de stabilité.

C’est pourquoi nous pratiquerons plutôt une articulation verticale pour chanter. Reprenons notre suite de voyelles. Sur « u », « ou » et « o », rien à changer. Sur le « eu » non plus. Le « a » se fera en baissant le plus possible la mâchoire inférieure, sans faire partir la bouche sur les côtés. Attention : l’air doit continuer de frotter le palais. Le « é » et le « i » se prononceront avec la bouche vers l’avant. La bouche aura à peu près la même forme qu’un « u ». Attention : même sur le « i », les dents ne doivent pas se toucher, sinon, cela empêchera l’air de sortir et cela produira une vibration désagréable de la dentition.

Devant votre miroir, prenez un peu le temps de chercher comment faire. Ça se passera aussi à l’intérieur de la bouche ; cherchez un peu le truc. Cependant, la langue doit bien rester la plus plate possible, au risque de voiler le son et de le rendre moins puissant.

En résumé, ce qui permettra de faire une voyelle différente sera avant tout un mouvement des lèvres vers l’avant et vers le bas, mais le moins possible vers les côtés. Pour vous entraîner, posez un doigt sur chaque côté de la bouche, et pensez que les lèvres ne doivent toucher aucun doigt. Surtout, entraînez-vous devant un miroir, en observant bien votre bouche pour vous corriger.

Il nous reste une dernière catégorie de voyelles à aborder : les voyelles nasales que le français affectionne tant (« an », « in », « on »). Lorsqu’on parle, ces voyelles sont, comme leur nom l’indique, prononcées avec le nez (sauf à Liège, où le nez doit impérativement être bouché). En chant, il faut éviter de chanter avec le nez. Cela enlaidit le son, et lui donne moins de puissance. Comment faire ? La langue est ici essentielle : elle va se courber derrière les dents du bas, ce qui va modifier la voyelle.

Tenez d’abord un « a » sur une note facile, en gardant la langue bien plate. Tout en tenant le « a », courbez la langue derrière les dents du bas : vous obtenez un son « an ». Faites de même avec un « o » : vous avez un son « on ». Pour le « in », comme son orthographe française ne l’indique pas, tenez d’abord un son « é », puis courbez la langue derrière les dents du bas : vous obtenez un son « in ». Par ce moyen, vous produisez les voyelles recherchées sans utiliser le nez, et vous gardez un bon son.

Si vous voulez plus de détails, vous pouvez consulter cet article de Marie Hutois, spécialiste de l’anatomie du chant.

Exercices

Exercice 1 : posez deux doigts sur l’arcade près de votre oreille, pour penser à bien faire vibrer le son. Posez deux doigts de l’autre main (pouce et index) de part et d’autre de votre bouche, afin de penser à l’articulation verticale. Mettez-vous devant un miroir, de préférence dans une pièce qui résonne. Tentez de garder la même note (en frottant l’air contre le palais) sur la suite de voyelles : « i – é – a – o – u ». Pratiquez bien une articulation verticale. Il est important de ne pas couper le son entre les voyelles, et de changer progressivement la forme de la bouche en passant d’une voyelle à une autre. C’est lors des transitions entre voyelles que vous sentirez la plus forte vibration.

Exercice 2 : faites le même exercice, avec les mêmes consignes, mais sur une autre suite de voyelles : « u – ou – ô – a – é – eu – i ».

Exercice 3 : ajoutons à ces voyelles deux consonnes sur lesquelles il est possible de tenir une note : « m » et « n ». Faites, en suivant les mêmes consignes que précédemment, la suite « m – u – ou – ô – a – é – eu – i – n ». Essayez de chanter toute cette suite en une seule respiration, sans aller trop vite non plus. L’essentiel, comme aux exercices précédents, est de bien garder la même note, de bien la faire vibrer, et de l’envoyer vers l’avant grâce à l’articulation verticale.

Exercice 4 : à vous d’être un peu inventif. Trouvez des phrases un peu compliquées à articuler. Prononcez-les en les chantant sur une note facile, et en pratiquant l’articulation verticale. Il s’agit aussi de chanter la phrase sur un rythme régulier : toutes les syllabes doivent avoir la même durée. Enfin, tâchez de ne pas saccader la phrase, mais de la chanter de façon liée, presque comme si vous la parliez. Exemples de phrases que vous pouvez faire : « pot catalytique » (en prononçant « -queu » à la fin), « plus tu plaques le pli du plaid et plus le plaid est plat ». Attention : les phrases ne doivent pas comporter de voyelle nasale.

Exercice 5 : passons aux voyelles nasales. Faites la suite de voyelles : « a – an – é – in – o – on », en suivant les mêmes consignes qu’aux exercices précédents. Faites bien résonner les notes, et courbez bien la langue derrière les dents du bas lors du passage à une voyelle nasale.

Exercice 6 : chantez sur une même note des phrases un peu compliquées à articuler, qui contiennent des voyelles nasales. Suivez toutes les consignes des exercices précédents. Exemple de phrase : « c’est bien quand les bonbons sont bons ». Vous le voyez, nul besoin que les phrases aient du sens, tant qu’elles vous entraînent à chanter tout en ayant une bonne articulation verticale.

Avec ces deux articles, vous avez appris comment bien placer sa voix à l’intérieur et à l’extérieur de la bouche. Avec ces conseils et ceux sur la respiration abdominale, à condition que vous chantiez juste, vous pourrez déjà faire pas mal de choses. Mais nous n’en avons pas fini pour autant…

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