Comment agrémenter son accompagnement à la main droite ?
Le principe de base est le suivant : l’accompagnement porte le morceau. Il doit souligner le texte et créer une ambiance en accord avec la chanson. Votre accompagnement personnel peut tout à fait être une relecture, une interprétation nouvelle, de la chanson, mais doit toujours la respecter. Écoutez par exemple la différence entre le Mad World original de Tears for Fears et la reprise par Gary Jules : un accompagnement différent (et aussi un tempo plus lent) permet une relecture du morceau.
Vous pouvez parvenir à ce genre de résultats à la guitare relativement facilement. Lisez bien le texte de la chanson que vous voulez jouer, et voyez ce qu’il vous évoque. Il faut penser à raconter une histoire avec ce texte. L’histoire en question sera portée par l’accompagnement. Comment faire en pratique ?
Forte – piano
Un moyen très simple pour donner du relief est de garder le même rythme en le jouant plus ou moins fort. On jouera tantôt piano (doucement), tantôt forte (fort). Si on joue une rythmique, l’amplitude du mouvement du bras sera réduite pour un son plus doux, et augmentée pour un son plus fort. Si on joue un arpège, on réduira ou augmentera l’amplitude du mouvement des doigts ; au plectre, l’amplitude du mouvement du plectre variera.
Il est important d’être clair avec vous-même sur ce que vous voulez faire. Souvent, on va créer un climax : le son sera d’abord doux, puis augmentera progressivement jusqu’à atteindre un point culminant, avant de redescendre pour la fin de la chanson. Le point culminant correspond généralement au pont musical.
Une autre façon de faire est de jouer plus doucement les couplets et plus fort les refrains. De nouveau, s’il y a un pont musical, il est joué avec plus de force encore que les refrains.
Pour les chansons sans refrain, c’est à vous de voir. Jouez plus fort les couplets que vous voulez rendre plus intenses, et moins fort les autres couplets.
Il faut toutefois veiller à ce qu’en augmentant la force avec laquelle vous jouez, vous ameniez plus d’intensité, et pas plus d’agressivité. Pour cela, il faut bien garder du relief dans la rythmique de chaque mesure, en insistant sur les temps forts. Si vous voulez plus de détails à ce sujet, je vous invite à lire cet article sur les principes de base de la rythmique.
Alterner rythmique et arpèges
Pour donner plus de relief encore, on peut aussi, sur les passages les plus calmes, remplacer la rythmique par des arpèges. Un arpège conviendra très bien pour l’introduction et le premier couplet, ainsi que pour la fin de la chanson. Le passage à la rythmique marque une plus forte intensité.
C’est par exemple ce qu’on peut entendre dans Hélène de Roch Voisine. Bien sûr, on entend plusieurs guitares, et l’arpège continue pendant le deuxième couplet. Mais vous entendez qu’à la fin du premier couplet, la rythmique commence. Seul à la guitare, en remplaçant l’arpège du début par une rythmique dès la fin du premier couplet, vous ajouterez de l’intensité et créerez du relief.
Il est bon d’avoir un arpège et une rythmique qui vont bien ensemble, qui suivent un peu le même rythme. Justement, dans Hélène, écoutez bien le deuxième couplet : arpège et rythmique sont synchronisés, ils suivent le même rythme « noire – croche – noire – deux croches ». Il n’y a pas besoin d’être aussi mathématique, mais il est bon de rester dans une certaine idée de changement dans la continuité. Il est bon de garder une certaine cohérence globale.
Légèrement varier la rythmique ou l’arpège
Il est aussi possible de créer du relief en apportant de légères modifications. Il suffit d’ajouter ou d’enlever des coups vers le bas ou vers le haut en rythmique.
Prenons This is the Life d’Amy Macdonald. La rythmique « bas – bas – haut – bas – bas – haut » est suivie d’une variation : « bas – bas – haut – haut – bas – haut ». Avez-vous remarqué la différence ? Les deux rythmiques commencent de la même façon : « bas – bas – haut ». Mais sur la deuxième rythmique, au lieu de poursuivre avec un coup vers le bas sur le temps comme sur la première rythmique, on donne un coup vers le haut sur le contretemps. Puis on revient au même « bas – haut » que celui qui clôture la première rythmique. Rien que cette petite variation donne deux rythmiques qui sonnent très différemment. Vous le voyez, l’astuce n’est pas compliquée.
Pour les arpèges, on peut jouer plus ou moins de basses. On peut aussi alterner des arpèges qui suivent le même rythme, mais avec des cordes différentes. Enfin, on peut varier la structure rythmique. Un exemple concret est la version de Pas toi par le trio Fredericks – Goldman – Jones lors du New Morning Concert. Écoutez attentivement ce qu’il se passe : une mesure sur deux commence par une basse, sans qu’il n’y en ait d’autre ; la mesure suivante compte deux basses, l’une sur le premier temps, l’autre sur le troisième. En outre, la première mesure commence rythmiquement avec une noire, et la deuxième mesure avec une croche. Enfin, plutôt que de simplement changer d’accord (passer du A au E) au début de la deuxième mesure, Goldman change d’accord au milieu de la deuxième mesure. Les deux premières mesures peuvent se jouer comme ceci :


Au bout de cette série de quatre articles, vous avez pu explorer de nombreuses idées pour donner du relief à votre accompagnement. Avec un peu de travail et d’imagination, vous serez en mesure de mettre le public dans votre poche. Même s’il est toujours agréable de jouer à plusieurs musiciens, il pourra arriver que vous soyez, dans l’assemblée, le seul musicien avec son instrument. En appliquant ces astuces, personne ne pourra vous reprocher d’être monocorde. Maintenant, c’est à vous de jouer !